Une visite à l'improviste [PV Galadriel]

Une mission de plus. Un rouleau de plus pour le feu. Il faisait à peine jour, l'aube était encore là bien que laissant petit à petit sa place à son grand frère le jour. Pour Wolfran, c'était le début de la nuit. Il avait passé toute la nuit à cheval, à revenir de sa dernière mission. Ces derniers temps il dormait plus de jour que de nuit...Si ça continuait les gens des alentours allaient finir par croire qu'il est un vampire. Mais ça n'est pas la raison. Il avait du mal à dormir la nuit. Quand ça n'était pas des missions qui l'obligeait à rester debout jusqu'à des heures indécentes, c'était des cauchemars. Des cauchemars qui le réveillaient à trois heures du matin pour le laisser éveillé jusqu'à ce que la fatigue ait raison de lui. Dans ces cas-là il faisait preuve d'un sommeil sans rêve, mais pas forcément des plus réparateur. Mais il vivait ainsi.

En ce matin, Wolfran entra dans la maison qui était la sienne, et qui fut celle de sa petite sœur jusqu'à deux ans auparavant. Il lui avait permis de vivre dans de meilleur condition qu'ici, avec lui, dans cette maison qui, bien que décente, ne convenait pas à une jeune fille comme elle. Pour Wolfran, elle avait toujours mérité mieux. Cependant, le mercenaire avait gardé sa chambre exactement comme elle l'avait quittée et elle continuait de venir le voir ici de temps en temps. N'étant pas un être particulièrement social, Galadriel n'avait que peu de chance de le rater. Si c'était le cas elle trouvait toujours une note sur la table pour lui dire où il était, si elle pouvait attendre ou si elle ferait mieux de repasser. Aujourd'hui, la note suivie sa sœur la lettre du roi dans le feu fraichement allumé.

Il contempla quelques secondes le feu consumer les deux morceaux de papiers avant de dégrafer sa veste de cuir noire, ne gardant que son maillot de corps en guise de haut, et de la poser négligemment sur une des deux chaises de la maison alors qu'il se dirigeait vers sa chambre où il alla déposer son épée et les autres armes qu'il avait habituellement avec lui. Puis il retourna dans la pièce principale, l'observant un moment. Il ne voulait pas dormir, mais il n'allait pas rester planté dans l'encadrement de sa chambre à regarder la pièce au sol de pierres grises et froides, au mur des même pierres, les plus importantes poutres apparaissant sur le plafond de la maison. La pièce était austère; En tout et pour tout elle arborait une table ronde en bois, deux chaise elles aussi en bois, un petit meuble contenant le peu de vaisselles dont avait besoin Wolfran, l'équivalent d'un canapé, une cheminée, et quelques ouvrage de tapisseries que lui avait tissé sa soeur pour égayer la pièce.

Il eut un léger sourire à cette pensée et ferma sa chambre à clé, comme il le faisait toujours lorsqu'il n'y était pas, et alla s'allonger sur le canapé, observant un peu le plafond, repensant à diverses choses, dont son métier actuel, et au bout de longues minutes à méditer ainsi, il finit par somnoler sur ce canapé, les yeux fermés.

Enfin un jour de congé. Bien que le train de vie de Galadriel ne soit pas des plus exténuants, elle appréciait ces jours libres car elle pouvait rendre visite à son frère Wolfran. Elle le voyait rarement et c’était toujours un enchantement de pouvoir le retrouver. Galadriel prit une rapide collation et sortit du palais royal. D’un pas aérien et rapide, elle se dirigea vers ce qui était encore, il n’y a pas si longtemps, sa maison. Celle que son frère avait acheté pour eux. Quelque part ce serait toujours sa maison, au même titre que le manoir de son défunt père et la forêt dans laquelle elle était née.

Arrivée au seuil de la maison, elle salua les voisins qui prirent rapidement de ses nouvelles. Puis elle ouvrit la porte. D’un mouvement gracieux de la tête, elle chercha son frère et le trouva. Il dormait sur ce qui faisait office de canapé. Galadriel sourit à cette vision et s’approcha doucement de son frère. Malgré le sommeil il restait sérieux et une ride barrait son front. D’abord hésitante, Galadriel imposa sa longue main sur le front du jeune homme. Elle envoya les ondes les plus positives qu’elle possédait pour apaiser le sommeil troublé de son frère. C’était tout ce qu’elle pouvait faire pour lui, elle ne pouvait pas le libérer de ce poids qui lui pesait. Galadriel savait que son frère faisait des choses qui le rongeaient, des mauvaises actions commandées par le roi. Elle n’en connaissait pas la nature exacte mais elle savait que ce n’était pas recommandable. Mais Wolfran était son frère et rien ne pourrait briser ce lien. Il était tout ce qui lui restait. Sa mère était très loin d’elle, dans une forêt aux frontières d’Hope.

Elle vit les yeux de son frère frémirent et retira sa main. Wolfran allait se réveiller et elle prépara son plus beau sourire pour le réveil de son frère.

Bienheureux soit celui qui pense pouvoir échapper aux démons de ses actes lorsqu'il dort. Seul un être dépourvu de conscience ou alors s'en étant débarrassé il y a bien longtemps pouvait peut-être se permettre un tel jugement. Quoi que...Rien n'était moins sûr. Mais le fait est que Wolfran, lui, avait une conscience, malgré ce que plusieurs dans les environs pensaient, et elle ne manquait pas de lui faire payer ses actions lors des quelques pauvres heures de sommeils qu'il arrivait à grappiller de-ci de-là. Cette fois-ci ne fit pas exception à la règle. Des cauchemars, encore et encore. Toujours les mêmes tout en étant différents, toujours les même visages des gens dont il avait pu détruire la vie et ce, de bien des manières...

Mais cette fois, heureusement en un sens, c'était un de ces cauchemars où le seul témoin externe de son agitation psychique n'était qu'un visage trop sérieux pour un dormeur. Tout le reste de son corps était calme, sans mouvement, juste son torse qui se levait et s'abaissait au rythme de sa respiration. Il était aux prises avec ces cauchemars et inconsciemment il savait qu'ils ne le laisserait pas en paix tant qu'il n'aurait pas vu tout ce qu'ils avaient à lui montrer pour le tourmenter. Mais cette fois, quelque chose d'inhabituel se produisit.

Il sentait comme une douce chaleur s'insinuer sous ces images, les rendant floues, affaiblissant leur monstruosité, mais sans les effacer. Ca n'était pas possible, ces mages étaient bien trop ancrée aussi bien dans sa conscience que sur sa rétine et sa mémoire, faisant partie intégrante de lui à jamais. Mais même sans les effacer, cette chaleur leur faisait perdre leur pouvoir sur lui, même momentanément et il se sentit retourner vers l'éveil. Une libération dans un sens.

Ses yeux frémirent quelques secondes avant de s'entrouvrir. Wolfran grimaça au rayon de soleil qui illuminait trop fortement la pièce à son goût. Il voyait encore un peu floue à cause du sommeil, mais quand il put voir clair à nouveau, il remarqua le visage penché sur lui: Des boucles blondes entourait ce dernier, et un grand et doux sourire l'illuminait; Galadriel. Il ne parla pas tout de suite, passant d'avoir ses grandes mains sur son visage fatigué avant de se relever, s'asseyant sur le canapé.

"Bonjour GaladrieL. Tu me donnes une seconde?"

Mais il n'attendit pas la réponse. Cette phrase était plus pour lui dire qu'il revenait qu'autre chose. Allant dans sa chambre, il se changea, refusant de recevoir sa soeur ainsi. Il enfila donc un pantalon propre et une tunique noire un peu large noire se laçant au niveau du col avant de ressortir de sa chambre, la fermant de nouveau à clé. Il était déjà plus réveillé, plus apte à la conversation avec sa soeur qu'il ne l'était quelques seconde auparavant.

"Alors, que me vaut le plaisir de ta visite?"

Son frère grimaça au rayon du soleil. Il passa ses mains sur son visage pour enlever la fatigue, puis se releva. Il la salua et lui demanda ensuite de lui accorder un peu de temps. Galadriel hocha la tête en attendit patiemment comme elle savait si bien le faire. Elle observa de ses grands yeux bleus Wolfran partir dans sa chambre. Son regard se promena ensuite lentement à travers la pièce, puis revint vers son frère qui sortait de la chambre. Il s’était changé mais il était toujours en noir. Wolfran avait encore quelques vêtements d’avant. Avant qu’ils perdent tout. Galadriel, elle, avait insisté pour vendre ses belles robes. Pour compenser tout ce que faisait son frère pour elle.

Wolfran demanda à sa sœur ce que lui valait le plaisir de sa venue ? Fallait-il une raison ?

- Il n’y a pas de raison particulière. Je profite d’un jour de congé pour passer du temps avec toi.

Ces jours étaient rares. Son poste de dame de compagnie nécessitait d’être toujours auprès de dame Earwen. Mais Galadriel avait la chance de croiser parfois son frère dans les couloirs du château, mais comme il se rendait au palais tôt le matin ou tard le soir, elle ne pouvait pas le rencontrer souvent.

Elle tourna sa tête vers le foyer et demanda à son frère s’il avait déjeuné. Sans attendre sa réponse, elle se dirigea vers le coin pour cuisiner et examina les étagères. Il n’y avait pas grand-chose, Wolfran devait manger rarement correctement.

Que pouvait-il répondre à cela? Rien du tout. Wolfran eut un léger sourire à la réponse de sa sœur et fit un peu de place sur la table, plus par habitude qu'autre chose. Il n'était pas spécialement ordonné, c'était vrai, mais il tenait toujours à garder son habitation rangée et nette même si c'était loin d'égaler l'ordre qu'ils avaient connus étant enfants.

Son enfance...Si on pouvait dire qu'il en avait eu une. Laissé seul à dix ans à gérer le domaine, ce n'est pas vraiment ce qu'on pouvait appeler une enfance mais ça ne lui avait pas causé plus de tort que cela. La seule chose qu'il regrettait de cette époque-là était d'avoir envoyé sa sœur Isabella dans un couvent alors qu'il prenait aujourd'hui tellement soin de Galadriel. Alors qu'il la regardait chercher de quoi faire à manger, visiblement, il repensa à la première fois qu'ils se sont rencontrés. Il l'avait vu arriver avec son père et sur le moment il l'avait totalement ignorée, mais ça n'avait pas duré.

Galadriel avait ce pouvoir inconscient d'attirer la sympathie. Enfin, ce n'était pas vraiment un pouvoir, c'est plus une sorte de sentiments que l'on ne pouvait que ressentir quand elle était là, elle était si douce, si gentille et surtout, semblait si fragile que les instincts protecteurs de Wolfran n'était pas restés muets éternellement. Peut-être pouvait-on voir dans son comportement actuel une sorte de seconde chance, lui n'avait pas été capable de s'occuper d'Isabella comme il l'aurait dû, il essayait de se racheter grâce à Galadriel. Ça ne devait pas être impossible.

Mais revenons-en au moment présent. Sortant de ses souvenirs le mercenaire se dirigea vers sa sœur.

"Je n'ai pas grand chose, je devais aller au marché ce matin mais je n'ai pas pu. Mais ne t'inquiètes pas, je n'ai pas très faim"

Wolfran ne voulait pas inquiéter sa sœur, mais il ne voulait pas non plus qu'elle passe le peu de temps qu'ils avaient ensemble à cuisiner pour lui. Il ne dénigrait pas les plats de Galadriel loin de là, cependant il serait dommage de ne pas profiter du peu de temps donné.

Galadriel ne vit rien qui puisse lui permettre de cuisiner quelque chose à son frère. Il devait aller au marché mais ce n’était pas encore fait. Elle se tourna vers lui et sourit, un peu déçue cependant.

- Tu ne veux pas manger, n’est-ce pas ? Très bien dans ce cas que veux-tu faire ?

Pour sa part Galadriel n’avait pas d’idée. Wolfran ne voulait pas discuter avec elle de son travail et elle doutait que ses discutions avec dame Earwen intéressent son frère. De plus la jeune enfant n’aimait pas parler d’elle-même. Elle préférait écouter plutôt que d’être au centre de l’attention. Plus passive qu’active.

Depuis sa plus tendre enfance, la jeune demoiselle avait été ainsi. Peu loquace, silencieuse et calme. Pareille à une douce biche, gracieuse et craintive. Elle aimait chanter et danser, courir et sauter d’arbre en arbre mais elle n’aimait pas prendre les initiatives ou s’imposer. Elle préférait la contemplation à l’action. Mais ne faut-il pas de tout pour faire un monde ?

[Pardon pour ce mini post Embarassed

]

Elle le connaissait si bien. Un léger sourire en coin apparut sur son visage, et il alla se rasseoir, l'invitant à faire de même. Wolfran souriait peu, c'était le moins que l'on puisse dire. Hors de cette maison il ne devait rien laisser transparaître, il ne devait pas laisser le roi ou une quelconque personne avec des griefs contre lui lire son esprit. Il en était hors de question. Quiconque qui le connaitrait un peu trop saurait tout de suite son point faible et il avait déjà prit un énorme risque en décidant de mettre Galadriel au service du roi (ou plutôt de ses prétendantes) afin de lui rendre un peu de la vie qu'elle avait toujours vécue, il ne pouvait se permettre plus d'imprudences.

La question de sa sœur fit naître un silence qui petit à petit devenait dense. Pas pesant, juste emplit de vide qui se densifiait au fur et à mesure qu'aucun des deux ne parlait. Il faut dire que bien que se portant une profonde affection, chacun avait des raisons de garder le silence. Galadriel avait toujours été discrète et calme, restant toujours en retrait. Quant à Wolfran, il n'était pas des plu sociable, d'une part, et d'autre part même s'il aimait discuter avec la jeune femme, il ne pouvait parler de son travail (pour une raison des plus logique) or, sa vie se résumait à son travail...C'était un genre de cercle vicieux dans lequel il s'était enfermé pour ne plus en sortir. Mais au moins il savait où il allait. Il savait parfaitement ce qui allait arriver devant lui au prochain pas. Chacune de ses actions étaient calculée en fonction des risques et des conséquences que ses actes pourraient avoir sur la suite de sa vie. alors pour faire la conversation, c'est un peu plus compliqué...Mais il allait tenter. Il était l'aîné, c'était à lui de prendre les initiatives.

"J'ai revu les Aldman récemment. Ils vont bien, ils ont trouvés un nouveau garçon de ferme pour les aider à gérer la ferme. Avec Mr Aldman dont la vue baisse un peu plus de jour en jour ils en ont bien besoin..."

Les Aldman, ceux sans qui Wolfran et Galadriel ne seraient peut-être plus de ce monde en ce moment. Ils les avaient accueillis, nourris et logés en échange d'un peu de travail de la part des deux jeunes gens. Tandis que Wolfran passait ses journées dans les champs ou à s'occuper du bétail, Galadriel s'occupait de l'ouvrage et de la cuisine en compagnie de Mme Aldman. C'était peut-être la seule fois où Wolfran s'est vraiment senti utile.

C'est en regardant une nouvelle fois Galadriel que le mercenaire se rappela d'une chose qu'il devait lui remettre. Il se leva d'un coup et s'excusa un instant auprès de sa sœur pour ensuite filer dans l'ancienne chambre de cette dernière, pour revenir à peine deux minutes plus tard avec un coffre dans les mains. Ce n'était pas un coffre bien grand. Une soixantaine de centimètres de longueur sur une trentaine de large. De hauteur, à vue d'œil il devait faire pas loin de quarante centimètres. Le posant sur la table, il le tourna de façon à ce que l'ouverture se trouva en face de sa sœur.

"C'est pour toi. Je l'ai depuis quelques jours et je n'avais pas encore eu l'occasion de te le donner."

Oui, il s'était un peu serré la ceinture pour lui offrir ce cadeau, mais la dernière fois au bal, il s'était responsable pour la tenue qu'elle avait; Ou plutôt qu'elle n'avait pas. Il savait parfaitement qu'elle ne pouvait se permettre d'éclipser sa maîtresse dame Earwen, mais ce n'était pas une raison pour n'avoir qu'une robe de lainage gris lors d'une fête organisée par le roi...

Voir sourire son frère était une joie sans nom pour Galadriel. Wolfran souriait si rarement que c’était un véritable trésor de le voir ainsi. Elle lui rendit son sourire et vint près de lui. Le silence dura quelques instants. Pesant. Wolfran fini par prendre l’initiative. Il parla à sa sœur des Aldman. Ils avaient trouvé un garçon de ferme qui pourra les aider.

- Je suis heureuse pour eux.

Les Aldman avaient tant fait pour eux. Ils les avaient accueillis, nourris et logés, en échange Galadriel aidait Mrs Aldman et Wolfran travaillait aux champs. Puis son frère se leva brusquement et partit dans la chambre de la jeune fille, tout en s’excusant. Il revint rapidement avec un coffre, qu’il posa sur la table en direction de la jeune fille. C’était pour elle. Comme si elle avait du ma à le comprendre, la demoiselle répéta.

-Pour moi ? Mais pourquoi ?

La douce enfant posa ses mains sur le coffre, parcourant des ses doigts fins le couvercle. Elle l’ouvrit lentement, comme pour faire durer la surprise. Galadriel avait toujours fait ainsi. Quand son père lui offrait des cadeaux, elle les observait sous toutes les coutures, puis elle le déballait lentement et délicatement de peur d’abîmer l’emballage mais sûrement aussi pour retarder le plus possible le moment de la découverte. Puis elle admirait longuement le présent, d’un regard pétillant qui rendait ses yeux azurs aussi lumineux qu’un ciel étoilé.

Le coffre renfermait une très belle étoffe. Quand la jeune fille sortit le tissu, elle s’aperçu que c’était une robe. Elle ouvrit grand les yeux, surprise et touchée à la fois. C’était une robe à manches longues d’un jaune ocre brodée de fils d’un ton plus soutenu. Le corsage quant à lui se situait entre l’orange et le doré et était décoré de lacets blancs, jaunes et noirs qui formaient des losanges. Des boutons décoraient le corsage et de la dentelle recouvrait le col et les la fin des manches.

Galadriel porta une main à ses lèvres, puis se tourna vers son frère, les yeux brillants.

- Ho Wolfran ! Tu n’aurais pas dû. Elle est si belle. Je… merci, merci infiniment !

La jeune enfant se jeta au cou de son frère et déposa un baiser sur sa joue.

Son sourire se fit discret, mais Wolfran souriait. Doucement, chaleureusement. Ce n'était pas un sourire que les gens auraient l'occasion de voir au château. Au château, les seuls sourires dont les habitants peuvent se voir gratifie se résument à des sourires amusés à moqueurs ou bien un simple rictus forcé. Jamais personne ne serait à même de voir un sourire comme celui qu'il arborait en ce moment. Ce sourire était réservé aux gens qui avaient une réelle importance dans sa vie, et il était tout naturel que Galadriel en fasse partie. Pour être tout à fait honnête, elle était la seule à l'heure actuelle. Wolfran ne se disait pas contre trouver une femme un jour mais au fond de lui il sentait bien qu'il y avait de grande chances qu'il finisse seul. Il espérait juste pouvoir voir Galadriel vivre le bonheur que lui n'avait, pour le moment, pas trouvé.

Alors qu'il se rasseyait il observa Galadriel observer longuement le coffre avant de l'ouvrir doucement. Elle avait toujours été comme ça; Elle lui avait toujours fait penser à un chaton devant une chose inconnue. Elle commençait par décortiquer du regard la chose se trouvant devant elle, presque à en faire le tour pour voir tous les secrets que l'objet pourrait receler...Bien que discrète, la jeune femme avait toujours eu un tempérament curieux de tout. Tout ce qui pouvait enrichir ses connaissances était un vrai plaisir pour elle et Wolfran le savait. Il croisa les bras sur son torse, amusé de la voir faire puis elle ouvrit finalement le coffre, révélant la robe à l'intérieur. Le mercenaire ne pouvait nier avoir eu du mal à trouver quelque chose qui pourrait vraiment convenir à sa sœur. Il la connaissait bien, mais il est que ses propres goût vestimentaires laissant à désirer, il n'avait pas été très sûr. Mais ce qu'il savait était que toute couleur chaude mais pas trop vive était parfaite pour elle. Alors il avait pris la première qu'il trouvait correspondant à cette description (bon et à d'autres critères que nous ne citerons pas ici parce que très peu intéressant...).

Voir le visage de sa sœur s'illuminer de la sorte lui gonflait le cœur de joie. Tant qu'elle souriait, Wolfran ne s'inquiétait pas de son propre futur. Il n'en n'avait pas vraiment après tout. Obéir aux ordres, voilà de quoi son futur était fait. Mais il ne s'en plaignait pas. Au moins il savait ce qui allait lui arriver. Il savait que tant qu'il restait à sa place et qu'il ne faisait pas d'incartade tout irait bien. Alors il continuait ainsi.

Le geste qu'eut Galadriel envers lui le surpris un peu. Il s'était certes attendu à un démonstration de joie d'une quelconque façon (il la savait assez impulsive quand il en venait à la joie qu'elle pouvait ressentir), mais pas à cela. Wolfran dut réprimer un sursaut pour ne pas vexer sa sœur, et quand elle s'éloigna il dit, un rire dans la voix.

"Ce n'est rien. Je peux bien faire ça pour toi. Et puis ce n'est pas grand chose."

Il sentait qu'un silence inconfortable allait s'installer s'il ne relançait pas quelque chose pour redonner de la vitalité à la conversation, alors il ajouta, quelques secondes plus tard.

"Et toi, comment ça se passe au château? Pas trop dur la vie avec Dame Earwen?"

La conversation, c'est comme un feu, il faut sans cesse le raviver sinon il meurt. Laissant définitivement un froid jusqu'à ce qu'on le ranime...

Les deux jeune gens se comprenaient. Vivre ensemble rapproche évidement, mais entre eux c’était bien plus. Ils se comprenaient sans se parler. Un regard, un sourire, un silence et chacun savaient ce qu’ils devaient faire. Un bel exemple de fraternité. Galadriel était entièrement dévoué à Wolfran, comme un tournesol se positionne en fonction du soleil, elle agissait en fonction de son frère.

Voir le sourire discret mais bien réel de son frère lui faisait chaud au cœur. Les rares sourires de Wolfran avaient un pouvoir curatif sur Galadriel. Les véritables sourires, pas les rictus habituels. Bien que ces derniers possèdent un certain charme.

Après qu’elle ait embrassé son frère, celui-ci lui répondit que c’était rien et qu’il pouvait bien faire cela pour elle. Le sourire de la jeune fille s’élargit et se replongea dans la contemplation de sa nouvelle robe. Puis son frère lui demanda comment se déroulait sa vie au château et avec Dame Earwen.

- Cela se passe assez bien. Je veux dire que c’est mieux que je ne l’aurais imaginé. J’avais un peu peur mais les gens sont gentils avec moi. Je m’entends bien avec Dame Earwen. Même le roi n’est pas désagréable avec moi. Il m’ignore la plupart du temps mais contrairement à ce que je pouvais penser, il ne me dénigre pas.

La jeune fille sourit. Elle observa autour d’elle. Cette maison manquait de fleurs. Mais pour la demi-fée tout manquait de fleurs, il en fallait en abondance. C’était son côté bucolique, que voulez vous. Si on ne l’empêchait pas elle décorerait la ville entière de fleurs. Pour remédier à cela, la douce enfant se promenait en forêt dès qu’elle le pouvait. Une sorte de retour aux sources.

Puis elle vint s’asseoir autour de la table dans le coin cuisine et fut rejointe par Wolfran. Ils discutèrent ensemble, le frère donnant des nouvelles de leurs connaissances et la sœur l’écoutant sagement et répondant à ces questions.

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